FOCUS 2018 > MIGRATIONS
Il y a un siècle, les Européens quittaient le continent par millions : Allemands, Irlandais, Italiens rejoignaient les côtes américaines, fuyant la misère à la poursuite d’un rêve. D’autres – Espagnols, Polonais, Grecs – traversèrent les frontières pour venir grossir les rangs d’usines européennes en quête de main d’oeuvre. Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Maghrébins, Turcs, Maliens se sont installés sur le continent et y ont construit leurs vies. Aujourd’hui, ce sont les Syriens, les Erythréens, les Afghans et tant d’autres à venir en Europe chercher une vie meilleure, un havre de paix.
L’Europe, longtemps terre d’exil, est devenue une terre promise. Peut-elle devenir une terre d’asile ?
Sur tout le continent les partis xénophobes et nationalistes gagnent du terrain, de nouveaux murs s’érigent aux frontières, la Méditerranée est devenue un carrefour mortifère et le trafic de migrants un business prospère. C’est souvent cette actualité-là qui nous est présentée à la télévision. Des images qui alimentent l’idée que la situation migratoire est une déferlante massive, une urgence pérenne, voire un danger sécuritaire. Tout autre est le regard cinématographique.
En s’inscrivant dans le temps long et le quotidien, les cinéastes révèlent d’autres facettes de la migration : la dimension intime de ces déracinements, la volonté de s’intégrer, le désir d’accueillir, les échanges interculturels possibles. Le cinéma – documentaire ou de fiction – témoigne des transformations que provoque la rencontre avec l’Autre et ne cesse d’interroger notre rapport à l’identité, à la culture, à l’éthique. Carlotta Morteo
Discussion
> JEU 22 > 10h45 (Bistrot des Rencontres)
… autour du dernier ouvrage de Smain Laacher, Croire à l’incroyable. Un sociologue à la Cour nationale du droit d’asile.
Professeur de sociologie à l’université de Strasbourg, chercheur associé à l’Institut national des études démographiques (UR12) et membre associé au Centre d’étude des mouvements sociaux (CNRS-École des Hautes Études en Sciences Sociales). De 1998 à 2014 il fut juge assesseur représentant le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) à la Cour nationale du droit d’asile (Paris). Smaïn Laacher est spécialiste des questions relatives à l’immigration, aux mouvements migratoires internationaux et aux déplacements forcés de populations. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles. Notamment, le Dictionnaire de l’immigration en France (2012), Qu’est-ce qu’immigrer veut dire (2012), Abdelmalek Sayad. L’école et les enfants de l’immigration (2014).
Dédicace > JEU 22 > 19h00 (Librairie des Rencontres)
Conférence-concert
> JEU 22 > 16h30 (Bistrot des Rencontres)
Animée par Jean-François Leguil-Bayart, avec Alessandro Monsutti et Etienne Dubuis, Immigration et asile, un débat en trompe l’œil
Le débat public sur l’immigration et l’asile est déformé par plusieurs effets de loupe qui l’ont rendu irrationnel. Il a pris une importance politique et polémique hors de proportion avec sa réalité démographique. Il refoule la parole des premiers concernés, d’emblée tenue en suspicion. Il systématise des amalgames entre des catégories contestables et parfois indistinctes – migrants économiques, exilés, réfugiés – dont la différenciation justifie paradoxalement la confusion et la répression, tout réfugié étant potentiellement un migrant, sinon un terroriste. Il criminalise les voyageurs au nom de la lutte contre leurs passeurs. Il prend pour argent comptant une conception essentialiste et défensive de l’identité, alors que celle-ci se construit dans le rapport à l’Autre. Il exalte une Europe judéo-chrétienne, quand celle-ci a livré aux nazis sa part juive et n’a plus guère la foi, sécularisation oblige. Il réhabilite une conception dramatique de la frontière, en la diluant à l’ensemble de la société par le biais de la surveillance policière. Il rejette les migrants et les réfugiés, mais cautionne les interventions militaires et les politiques économiques qui provoquent leur mobilité.
Étienne Dubuis, journaliste au Temps de Lausanne, et Alessandro Monsutti, professeur d’anthropologie à l’IHEID de Genève, en débattront sur la base de leurs enquêtes et recherches respectives, sous la présidence de Jean-François Leguil-Bayart, directeur de recherche au CNRS, dont la spécialité est la sociologie historique comparée de l’État.
Concert
Musique ottomane
Gilles Andrieux : tanbur
Emine Bostanci : Istanbul kemençe
Ce duo fait vivre, dans le plus grand respect de la tradition du style ottoman, un riche répertoire de pièces instrumentales composées du XIVe au XIxe siècle, issues des chefs-d’œuvre des grands compositeurs à la cour des sultans.
Jean-François Bayart
Jean-François Bayart, professeur à l’IHEID de Genève, publie régulièrement dans la presse française des tribunes contre les incohérences de la politique européenne en matière d’immigration et l’institution progressive d’un « Etat d’abjection ». Il est notamment l’auteur de L’Illusion identitaire (Fayard, nouvelle édition en collection de poche « Pluriel », 2018), L’Impasse national-libérale. Globalisation et repli identitaire (La Découverte, 2017) et Les Fondamentalistes de l’identité. Laïcisme versus djihadisme (Karthala, 2016).
Alessandro Monsutti
Anthropologue de formation, Alessandro Monsutti enseigne à l’Institut de hautes études internationales et du développement de Genève. Afin de décentrer son regard sur les faits sociaux et les comprendre au-delà du cadre de l’Etat et de territorialités délimitées, il a mené à partir du milieu des années 1990 des recherches itinérantes qui l’ont conduit en Afghanistan, au Pakistan et en Iran, pays où il a séjourné longuement, ainsi qu’en Europe, Amérique du Nord et Australie, où il a suivi les réfugiés et migrants afghans. Il est l’auteur notamment de Guerres et migrations : Réseaux sociaux et stratégies économiques des Hazaras d’Afghanistan (Maison des sciences de l’homme, 2004) et Homo itinerans: La planète des Afghans (PUF, 2018).
Dédicace > JEU 22> 19h00 (Librairie des Rencontres)
Etienne Dubuis
Etienne Dubuis est journaliste, spécialisé en politique internationale, au quotidien suisse Le Temps. Après avoir écrit de nombreux articles sur les migrations en cours à travers la Méditerranée, il a souhaité mieux connaître les principaux intéressés, les migrants, sur lesquels les médias s’attardent paradoxalement très peu. Il a séjourné pendant plus de deux mois en Sicile pour interviewer des dizaines de ressortissants d’Afrique de l’Ouest sur les raisons de leur départ et les conditions de leur périple jusqu’à leur sauvetage en Méditerranée. Des rencontres alors réalisées, du port de Catane au camp de Mineo, il a tiré un livre de témoignages, «Les naufragés», paru ce printemps aux éditions Karthala.
DÉDICACE > VEN 23 > 18h30 (Librairie du Tiers-temps)
Ateliers
Benjamin Coquenet > Voir
ATELIER JEU 22 > 14h30 (Bistrot des Rencontres)
Films
AMIN
Auvergne-Rhône-Alpes cinéma
France
De Philippe Faucon. 2018. 1h31. Avec Moustapha Mbengue, Emmanuelle Devos, Fantine Harduin.
Amin est venu du Sénégal pour travailler en France, il y a neuf ans. Il a laissé au pays sa femme Aïcha et leurs trois enfants. En France, Amin n’a d’autre vie que son travail, d’autres amis que les hommes qui résident au foyer. Aïcha ne voit son mari qu’une à deux fois par an, pour une ou deux semaines, parfois un mois. Elle accepte cette situation comme une nécessité de fait : l’argent qu’Amin envoie au Sénégal fait vivre plusieurs personnes. Un jour, en France, Amin rencontre Gabrielle et une liaison se noue.
Une exposition photo sera présenté aux rencontres
FORTUNA
Suisse
De Germinal Roaux. 2018. 1h46. Avec Kidist Siyum Beza, Bruno Ganz, Patrick d’Assumçao.
Fortuna, jeune Ethiopienne de 14 ans, est accueillie avec d’autres réfugiés par une communauté de religieux catholiques dans un monastère des Alpes suisses. Elle y rencontre Kabir, un jeune Africain dont elle tombe amoureuse. C’est l’hiver et à mesure que la neige recouvre les sommets, le monastère devient leur refuge mais aussi le théâtre d’événements qui viennent ébranler la vie paisible des chanoines. Ceux-ci vont-ils renoncer à leur tradition d’hospitalité ? Parviendront-ils à guider Fortuna vers sa nouvelle vie ?
L’HÉROÏQUE LANDE, LA FRONTIÈRE BRÛLE
France
De Elisabeth Perceval, Nicolas Klotz. 2018. 3h45.
En hiver 2016, la Jungle de Calais est une ville naissante en pleine croissance où vivent près de 12 000 personnes. Au début du printemps, la zone Sud, avec ses commerces, ses rues, ses habitations, sera entièrement détruite. Les habitants expulsés déplacent alors leurs maisons vers la zone Nord, pour s’abriter et continuer à vivre. En automne l’Etat organise le démantèlement définitif de la Jungle. Mais la Jungle est un territoire mutant, une ville monde, une ville du futur ; même détruite, elle renait toujours de ses cendres.
L’ORDRE DES CHOSES
Italie
De Andrea Segre. 2018. 1h55. Avec Paolo Pierobon, Giuseppe Battiston, Olivier Rabourdin.
Rinaldi, policier italien de grande expérience, est envoyé par son gouvernement en Libye afin de négocier le maintien des migrants sur le sol africain. Sur place, il se heurte à la complexité des rapports tribaux libyens et à la puissance des trafiquants exploitant la détresse des réfugiés. Au cours de son enquête, il rencontre dans un centre de rétention, Swada, une jeune somalienne qui le supplie de l’aider. Habituellement froid et méthodique, Rinaldi va devoir faire un choix douloureux entre sa conscience et la raison d’Etat : est-il possible de renverser l’ordre des choses ?
Avec le soutien du MRAP, SURVIE et TERRE DES HOMMES
LES NOUVEAUX HABITANTS
Inédit
France.
De Victorien Tardif et Emmanuel Chevilliat. 2018. 0h52.
Invités rencontres 2018 > Plus d’infos…
LIBRE
France
De Michel Toesca. 2018. 1h40.
Invité rencontres 2018 > Plus d’infos…
SEULE À MON MARIAGE
Belgique
De Marta Bergman. 2018. 2h01. Avec Alina Serban, Tom Vermeir, Jonas Bloquet.
Pamela, jeune Rom insolente, spontanée et drôle, s’embarque vers l’inconnu, rompant avec les traditions qui l’étouffent. Elle arrive en Belgique avec trois mots de français et l’espoir d’un mariage pour changer son destin et celui de sa fille.
UN PAESE DI CALABRIA
Italien
De Shu Aiello, Catherine Catella. 2017.
Comme beaucoup de villages du sud de l’Italie, Riace a longtemps subi un exode rural massif. Un jour, un bateau transportant deux cents kurdes échoue sur la plage. Spontanément, les habitants du village leur viennent en aide. Petit à petit, migrants et villageois vont réhabiliter les maisons abandonnées, relancer les commerces et assurer un avenir à l’école. C’est ainsi que chaque jour depuis 20 ans, le futur de Riace se réinvente.